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Jeux d'écriture

Jeux d'écriture

Limité à 10 participant.es, l'organisateur donne les consignes quelques jours avant la date de la rencontre. Le but est d'écrire une histoire, sous la forme demandée (nouvelle, poème, dialogue etc...).

La rencontre, objet du partage, a lieu un samedi par mois au centre LGBTQ+ à 14h, et se tient en trois temps. Lecture des textes produits personnellement. Choix et écriture d'un nouveau texte sur place puis lecture. Choix de la prochaine consigne d'écriture pour la future séance. 

 

 


Le thème de l'atelier du 9 décembre était le suivant : "lettre à un membre de Polychromes" avec la contrainte d'utiliser les couleurs.

1er texte

Monsieur le Directeur Association Polychrome Centre LGBT 123 rue de Roquebillière 06000 Nice
Monsieur le Directeur, Madame Blanche, l’assistante de mon mari, conseiller principal au parlement de Bruxelles, m’a transmis vos coordonnées. J’espère m’adresser à la bonne personne car l’affaire qui me conduit à vous écrire est délicate. J’ai de légers doutes sur l‘identité sexuelle de mon fils et espère me tromper. Mon mari étant toujours en déplacement, ayant moi-même de nombreuses occupations mondaines dues à mon rang, notre fils Jasmin est très souvent entouré par notre gouvernante Rose et sa grand-mère Violette. Mon fils a beaucoup changé de comportement ces derniers temps. Il se laisse pousser une barbe noire de trois jours, va plusieurs fois par semaine chez son coiffeur. Il fréquente depuis peu une salle de musculation alors qu’il n’est pas de tempérament sportif. Au grand dam de mon mari, Il n’a d’ailleurs jamais aimé le foot, ni la boxe. Il m’emprunte de plus en plus souvent ma carte Gold Platinium pour aller, avec sa meilleure amie Ambre, chez Jean Paul Gauthier qu’il adore. Cela me désole car jusqu’à l’an dernier, je lui achetais tous ses vêtements et ses sous-vêtements. Très souvent entouré de copines, il lui arrive de sortir le soir sans jamais nous dire où il se rend. Il s’enferme aussi souvent, avec son ami Jules Le Brun, dans sa chambre, pour réviser ses cours. Au travers de sa porte, j’entends souvent des chansons de Mylene Farmer. Il revêt des vêtements très moulant, jean serré bleu ou vert pale, pull en cashmere souvent de couleur rose. Il porte un petit brillant à l’oreille gauche, et quelques bracelets de couleur arc en ciel, assortis avec sa ceinture en cuir gold, Croix de Hermes. Il s’est aussi acheté un petit sac Mont Blanc, en cuir noir qu’il porte en bandoulière.

Du point de vue physique, âgé désormais de vingt et un an, il a terminé sa croissance. Sa voix est ténor alors que son père est dans le registre des basses. On peut observer, à l’occasion, une attitude un peu maniérée, notamment un petit doigt de la main droite en l’air quand il boit son thé vert. Sa taille chaloupe et je le surprends parfois à le voir sautiller de façon peu virile.

Pour conclure, à la lecture de tous ces éléments, je souhaite savoir si vous pensez qu’il en est. Dans mon for intérieur de mère, j’en doute fort, car il n’y en a jamais eu dans notre lignée. Dans l’attente de votre aimable réponse,

Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, mes meilleurs sentiments

 

2e texte

Mon très cher Damien,
Je tenais à t'écrire cette lettre car je sais qu'en ce moment ce n'est pas la grande forme.
Je voulais surtout éviter en te croisant de te demander machinalement cette question polie : « bonjour ça va ? »
Question à laquelle on attend comme réponse qu'un autre poli « bien et toi »
Or, je ne veux pas être poli avec toi. Tu es une part de moi et je veux juste que par ces mots te donner l'espoir que les événements de la vie, surtout les plus difficiles, sont là, sur ton chemin, pour te faire évoluer et grandir.
Alors certes, il y a deux ans déjà, une partie de tes illusions, de tes désirs, de tes idéaux d'adulte avait largement été balayé.
Pour la première fois, tu ressentais ce sentiment immense de perdre une partie de toi.
Je sais que pour toi, il était ton avenir, tes projets, ton autre famille, ton autre vie, celle que tu avais décidé de construire.
Tu t'es donné corps et âmes. Tu as su être présent aux moments les plus tragiques de sa vie.
Les échanges de vœux que toujours vous pourriez compter l'un sur l'autre semblaient sincères,
Et ils l'étaient sûrement.
Néanmoins, tu as dû apprendre à tes dépens que contrairement à ce que tu croyais, et même si pour toi c'est inconcevable, parfois les choses, les sentiments changent,
Tout cela a été balayé en quelques minutes par un simple coup de fil, onze années en quelques minutes.
Alors oui, tu as perdu une partie de tes rêves d'adulte ce jour-là, mais je suis admiratif de la manière dont tu as su rebondir. Tu as su à nouveau t'ouvrir aux autres, construire de nouvelles amitiés, vivre de nouvelles expériences, découvrir de nouveaux lieux et surtout partager avec les autres la lumière qui brille en toi.
Aujourd'hui, c'est une grande partie de ton passé qui vient de s'envoler dans les airs.
Là encore, tout cela a été brutal et rapide. Fauché par la mort cette fois, c'est l'enfant qui est en toi qui a disparu. Pour la première fois de ta vie, tu t'es dit que désormais, tu serais seul, que tu avais perdu ton refuge maternel, Celui qui était toujours là pour t'aider à traverser toutes les étapes de ta vie, des plus heureux aux plus tristes.
Alors tu te demandes ; « comment tu vas faire quand tu auras d'autres épreuves à traverser ?
A qui tu téléphoneras les samedis et mercredis matin. ?
Avec qui tu auras envie en premier de partager le dernier bouquin que tu auras aimé ou le dernier film ou spectacle que tu auras vu ?
Avec qui partager en premier les grands moments de joie et les petits bonheurs
du quotidien ?
Auprès de qui te réfugier dans les grands moments de mélancolie ? »
Oui, elle était ton pilier, elle était celle sur qui tu as toujours pu compter, elle a fait de toi l'adulte que tu es devenu.
Alors c'est à cet adulte que je veux dire que si tu regardes un peu autour de toi, tu es loin d'être seul. Tu as su t'entourer de personnes qui t'aiment vraiment et sur qui tu peux compter.
Qui sont là parce que tu es une belle personne, honnête, sincère, entière et solaire.
Certes, personne ne la remplacera mais elle sera à jamais dans ton cœur et ton esprit et que d'une autre manière, elle t'accompagnera dans toutes les prochaines étapes de ta vie.
Et puis maintenant, les rôles changent, le pilier, c'est toi, Tu vas devenir le refuge des plus jeunes de la famille, celui sur qui on peut, on doit compter, celui qui écoute sans juger, celui qui essaie de guider sur le bon chemin, Et ça pour m'avoir déjà tant aidé, je sais que tu en es capable.
Mon ami, je t'embrasse tendrement, et je viens par cette lettre te dire que je t'aime fort et que ma vie sans toi ne serait pas si belle.

 

3e texte

Ce soir, je me décide enfin à t'écrire cette lettre que peut-être tu ne liras jamais.
La première fois que je t'ai vue, c'était à un polyapéro, tu étais toute en couleur : cheveux bleus, paupières vertes, ongles violets, bas roses, pull rouge. "Mais c'est Miss Polychrome que voilà" m'étais-je dis. Moi, par contre le technicolor c'est pas mon truc, j'étais totalement gothique, pas une touche de couleur, juste des dégradés de gris et de noir. Tu m'avais à peine regardée que tu m'as dit : "et bé toi alors, tu dois être fan de Notre Dame de Paris" et moi de te répondre "toi par contre, tu pourrais tenir le rôle d'Esméralda, la gitane" Piquée au vif, tu as rétorqué " je préfère être une gitane qu'une gargouille, et puis derrière ta façade, j'espère qu'il y a des couleurs, parce que si non, bonjour la rigolade !" Faut dire que comme premier contact on aurait pu mieux faire, mais comme nous sommes de bonnes filles et la bière aidant, nous nous sommes quittées en nous donnant rendez-vous au prochain apéro. Et voilà, je suis tombée raide amoureuse de toi. J’ai dévalisé Séphora, j'ai claqué 600 euros en maquillages, bien décidée à transformer Notre Dame en Chapelle Sixtine et à troquer mes bottes de motarde contre des stilettos rouge sang. Quand je t'ai revue l'autre soir, on n'en croyait pas nos yeux, j'étais venue en Esméralda et toi en parfaite gothique. On a bien ri, mais tu m'as tout de suite dit :" bon , la prochaine fois remets toi en gothique parce que là franchement tu ressembles à une cagole marseillaise" et moi, bonnasse, j’t'ai dit : "et bien toi en digne fille de Notre Dame t'es canon et j'irais bien m'agenouiller devant ton autel". Là, je crois que t'as pas tout compris, mais tu as vachement rougi, tu as repris une part de pizza et descendu ta bière en allant vers la sortie.
ça fait maintenant trois semaines que tu n'es plus venue aux apéros et tu sais, si je suis gothique dehors, je suis toute baroque dedans , aucune ogive, des couleurs plein la tête, et si tu voulais revoir mes yeux, tu verrais qu'ils font pâlir les plus beaux vitraux.
PS : j'ai 6 packs de bière du couvent du Saint Prépuce, elles n'attendent que toi.

 

4e texte

Bonjour T,
Un petit mot en vert émeraude pour te dire un GRAND MERCI.
Tu le sais, j’en suis sûr car je suis expressif et exprime ouvertement mes sentiments de sympathie, avec pudeur et sans grandiloquence. Quand j’aime, je le dis simplement, spontanément et avec sincérité. Quant à l’inverse, j’ai appris à me taire et à passer à autre chose…enfin presque !
Mon paisible cerveau est branché sur le mode « bisounours » ou plus exactement « vie en rose ». Il capte les joies et non les peines ou les tourments. Au fond de moi, des bulles dorées de champagne pétillent pour un rien. Peut-être, est-ce pour masquer un fond couleur de jais baigné d’une grande tristesse ? Je ne sais. Mais je ne suis pas un mineur de fond recherchant l’anthracite et la noirceur. La pioche ne m’a pas été livrée à la naissance.
Ainsi, j’aime mes lunettes de soleil donnant une lumière topaze et que j’appelle « mes lunettes du bonheur ». Ce qui n’a bien sur aucun sens sinon que de me sentir en harmonie avec cette énergie imperceptible et intime, scintillante de nuances chaudes.
Je t’ai rencontré, au sein de cette association au couleur de l’arc en ciel, lors de mon arrivée dans cette ville d’azur dans laquelle je voulais m’installer depuis si longtemps.
Nous ne fûmes jamais de vrais amis mais de bons camarades. En fait, j’étais un de tes « suiveurs » ou plus exactement un de tes « aficionados » qui traduit mieux l’engouement de ta troupe. Ton énergie, ta vitalité, ta joie permanente que tu sais naturellement épandre et ton originalité entrainaient spontanément et unanimement bien d’autres camarades. Bref, un leader qu’on appelait avec M, « Chef », ce qui nous amusait bien tous les trois. Peut être plutôt moi d’ailleurs. Nous jouions à tes 2 lieutenants recherchant le simulacre de ta préférence.
Et grâce à toi, j’ai vécu des moments intenses d’aventure. Je pense à cette traversée à pied que tu avais organisée, du nord au sud de cette ile juvénile, plantée au beau milieu de l’océan Atlantique entre le Groenland et la Suède. Nous marchions au milieu d’un environnement naissant composé de roches noires et acérées, de glaciers bleutés, d’eaux bouillonnantes et brunasses et de laves rouges incandescentes. La rare végétation d’un vert printanier et tendre qui bordait les côtes, témoignait de la puissance des forces de la vie. Et, je ne peux oublier, non plus, cette vertigineuse descente en rappel dans la cavité dite « de la chauve-souris », dans l’un des plus beaux canyonings de la région.
Il y a tant de souvenirs couleur sépia…
L’abondante source s’est tarie depuis bien longtemps. Nos trajectoires ont pris des chemins différents. Plus de partages, plus d’aventures, plus de sorties ni de repas.
Les lieutenants brouillés n’ont plus de Chef.
Est-ce toi, est ce moi, est ce notre destinée de se rencontrer puis de se perdre ?
En tout cas, je t’ai donné une belle place dans mon panthéon surpeuplé des liens devenus posthumes.
Par chance, c’en est une, mes lunettes du bonheur sont solidement arrimées à l’arrête de mon nez. Et ad nauseuam, mon regard garde le cap vers les pensées joyeuses, les touches dièses et les couleurs chaudes que le soleil irradie.
Et ma gratitude t’est acquise sans réserve.

Lieutenant Cotin

 

5e texte

Monsieur le président, vous êtes laid.
Vos dents blanches fièrement incrustées
Dans le corrompu plancher du pouvoir
Font de vous un indigne salopard.

Si encore votre substance rosâtre
Sauvait votre triste teint saumâtre,
Mais même pas, vous êtes diablement gris,
Jusqu’au bout de votre petit esprit.

Votre méprisable bouche à ragots,
Sourd de noirs et ignobles complots
Afin d’éradiquer les velléités
De prises de décisions spontanées.

L’insignifiance de votre association
N’a d’égale que votre folle propension
À faire fuir les nobles adhérents
Qui lui donnaient leur temps naïvement.

Très cher maître spirituel baveux,
La pestilence de vos actes piteux
Fait de votre cloaque un trou miteux.
Adapté aux disciples obséquieux.

Cher grand maître, je ne vous aime pas,
Et par moment rêve de votre trépas.
Vous l’aurez compris, cette missive
N’est point une diatribe lascive.

Elle vise à vous faire prendre conscience,
Que vos ouailles ne sont pas qu’innocence,
Qu’à force de prendre les gens pour des cons,
Ils vont vous le mettre dans le fion.

Lou.

 

6e texte : Lettre à S. Deuxième lettre.

Nos mots à nous ont été dits.
Ces mots sur nos bouches silencieuses.
Nos bouches sensitives sous nos fronts fiévreux.
Car nous avons bien la fièvre,
Et nos yeux se ferment dans cette imagination de cet autre qui n’est pas là.
Je suis totalement allongé sur un canapé qui surplombe la mer sous un ciel magnifique. Tu es sans doute à Douai dans le brouillard et le froid. Mais les mots traversent l’espace et le temps. Nous sommes tous en train de t’écrire, simultanément. Tous en train de penser à une seule personne, à toi. Cela devient un sentiment étrange, peut-être que tu le ressens, de loin. Six esprits qui convergent uniquement vers toi, pendant trente minutes.
L’écriture a ce pouvoir. Celui de toucher la folie, de frôler l’indécence. Il y aura dans chacun de nos textes une part de nous-mêmes. Des confessions, des mots doux et empreints d’émotion. Il y aura nos parts d’inconscient, de subconscient dans nos textes, comme d’inconscience de ce qui est en train de se passer.
J’aimerai cette fois te décevoir. Pour que les éloges changent de camp. Ne plus aller dans la rime, ne plus aller dans l’émotion.
Rester dans cet état de grâce si personnel, celui de l’écriture brute, celle qui naît des images spontanées de notre cerveau.
Celui de l’écriture automatique, qui ne se corrige jamais.
Cet état de somnolence où je veux me plonger, sombrer dans les tréfonds de mon âme pour te parler sans fritures sur mes lignes continues.
Cet état brut, sans limites, ou le cerveau ne réfléchit plus à rien d’autre que ce qui s’écrit. Un espace de respiration absolue, dans l’amour de ce qui est créé par erreur, par défaut. Qui semble tout de suite hors norme, trop long, trop fluide.
Celui qui ne s’encombre plus de la perception de l’autre.
L’état absolu et magnifique de voir chaque mot prendre de la substance après seulement l’avoir écrit.

Et même dans cette écriture du rien, il se passe quelque chose. Les images apparaissent.
Celles de notre rencontre dans cet hôtel végétal. Celles des verres de Bordeaux qui s’enchaînent. Celle de la libération de nos paroles, sur notre amour de la littérature et des mots. De notre compulsion immuable à écrire, quoi qu’il en coûte. Et reprendre encore du Bordeaux. Se saouler des mots et de vin. Ne pas comprendre encore ce qui arrive. Pourquoi l’écriture nous inonde, nous envahit. Pourquoi elle devient notre drogue, nos propofols. Nous étourdit, comme ce sommeil qui me gagne lentement sur ce canapé géant. Lentement, il faut que je me réveille. Me relever doucement. Les trente minutes sont terminées.

Très amicalement
J.H.-Hogan.

 

7e texte : Fritures sur la ligne [Version décapitée]

« Cher Poète @ux vers s@do-m@so,
Ton @rt d@nse entre ombre et h@lo.
Seule l’@dmiration tisse mon propos
Enr@gé de ne pouvoir t’ég@ler, j’en perds le repos.

Tes mots, fouets cingl@nts, éveillent mon @me,
D@ns les couleurs de Soul@ges, je vis une étrange fl@mme,
Je t’@dmire m@udit cré@teur de mes hologr@mmes,
C@r en moi la colère s’@m@lg@me.
Trois @ctes qui se terminent ici en dr@me.

Le plaisir trouble de tes rimes @cérées
M’@sservit, moi le fugitif de ton secret m@inten@nt éventé.
Comment pourr@is-je m’év@der ?
Toi qui m’ensorcelles et me l@isses pour écorché.

T@ plume, s@dique et envout@nte,
Réveille mes pulsions si dérout@ntes
@dmiration teinte d’une fièvre enivr@nte,
Lecteur c@ptif de ta g@l@xie troubl@nte.

En ce p@r@doxe je me déb@ts
Entre f@scin@tion et révolte, je suis brisé en écl@ts
F@iseur de Monstres, mon cré@teur ser@s-tu l@ ?
Mon cœur t’@ccla@me, et tu te figes d’effroi.

@vec une @dmir@tion h@ntée
Je suis ton lecteur ég@ré,
T@ chose par toi tourmentée,
Tu m’@uras @b@ndonné.

@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@llo
Fritures sur la ligne. J’étais le mauvais numéro.
A présent, j’existe, ris, chante, danse, honnis, pleure, aime, écris. J’éclos.

Où suis-je dans ces mots dits ?
Je les déteste, je les maudits.
Je n’existe pas dans ces écrits,
Je les déteste, je me détruits.
Personne n’entend mes cris.
[Censure], je me parodie.
Mon Monstre reprend vie.
Je me déteste mais je me gracie.»

- Il suffit maintenant. Arrête de pleurnicher.
- Allo ? J.H.H. ? Ta création, ton bel-être, ton homme de papier te réclame.
Mes mots maintenant précèdent ta pensée. Mais toi, effrayé, prêt à me
formater, tu me désertes. Tu m’effaces.
- Allo ? Connexion interrompue.
- J’appelle dans le vide. J’appelle sans ne plus savoir qui je suis.
- Tu décroches ?
- C’en est fini. Il est trop tard. Je raccroche.

Epilogue.
Chers lecteurs, la question qui se pose ici est celle de l’existence même de l’auteur à l’heure de ChatGPT. Le Monstre de cette nouvelle n’est peut-être pas celui que vous croyez ! Et si rien de tout cela n’existait ? Qui vous prouve que je suis réel ? Et si finalement derrière cette supposée dualité des « yeux noirs » inventant son double négatif, ne se cachait que des yeux-écrans, des claviers digitaux, des monstres et des masques à l’intelligence toute artificielle ? Le poème, si dissonant du reste de la nouvelle, est-il le fruit d’un esprit malin ? Les appels téléphoniques, les messages sur le répondeur ne pourraient-être que les retranscriptions d’une conversation automatique avec un robot aux paramètres démoniaques. Chers lecteurs, qui venez-vous de lire ?

Ceci n’est pas une fin. Mais seulement le début. @@@

 

 


Le thème des textes était le suivant : "les membres du groupe écrivent à un membre Sébastien qui écrit mais qu'on n'a pas encore vu."

 

1er texte

Sébastien, ce que je sais de toi, c'est que tu aimes écrire, que tu vis dans une ville au beffroi, tel un grand crayon fiché dans une page souvent re-écrite. Tu vis à Douai, dans le Nord, loin du Sud où je vis. A quel soleil te réchauffes-tu ? Quel est ton horizon ? Ton prénom, Sébastien, évoque pour moi le saint transpercé de flèches, icone gay, toujours représenté comme un homme jeune et beau qui ne semble pas souffrir. Je ne t'imagine pas physiquement, mais comme lui je t'imagine blessé, assez tourmenté sans le laisser paraître. L'écriture est-elle le filtre au travers duquel tu observes la vie ? Est-elle comme un théâtre d'ombres dont tu es l'animateur ? Moi, je n'écris que des textes légers, aux antipodes de ton écriture. Je ne te connais pas et je suis curieux de te voir un jour prochain car derrière les mots il a y tant de choses à découvrir.

 

2e texte

Bon Cher Douaisien
Ton cas nous a beaucoup intéressé. Surprenant quand même : absent tu as pris ta place en si peu de séances au sein des Jeux d’écriture. Habitant si loin de Nice tu es en contact avec la moitié du groupe. Il y a de la passion en toi et de la conviction. Les frontières, les murs, les obstacles c’est fait pour les dépasser, les contourner, les ignorer.
Tu as l’âme d’un conquérant aux puissantes passions soutenues par, me semble-t- il une forte dose énergie.
Bref, mes amis-es du groupe ont décidé de t’écrire. Tu liras 6 textes dont le mien.
J’avais proposé un autre thème pour la séance, celui de Haikus sur la mer, abeilles, les papillons, l’imperceptible et l’immensité mais c’est sur la proposition de H que la lettre a été retenue.
Donc je vais t’adresser si j’en ai le temps quelques Haikus et je te les offres.

Abeilles :
Bourdonnant au plein cœur d’été
Votre zèle illumine la journée

Papillons
Légèreté, fragilité, grâce et beauté
Aux ailes colorées et fragiles

L’imperceptible
C’est là mais on ne le sais pas, on le ressent.

L’immensité
Vaste, sans frontières le vertige me prends.

 

3e texte

Cher Sébastien,
Voilà, j’utilise ces 30 minutes contraintes, mon cher ami, pour de te faire cette déclaration d’amitié. Cela ne fait pas si longtemps qu’on se connaît et nous tairons là les circonstances de notre rencontre, mais tu as su en peu te temps, lire en moi comme un livre ouvert et prendre une petite place dans mon cœur et dans ma vie.
Tu as su être présent à des moments importants, sans excès, sans intrusion, sans lourdeur, juste par quelques mots m’aider à me sortir de la torpeur.
Nos univers si distants et si distincts se sont croisés, tel était notre destinée.
Tu me suis dans nos aventures sportives et nos divers ateliers.
Tu m’as présenté à ta moitié, avec ses plats de fin gourmet, il nous a tant délectés.
Ta personnalité, savant mélange d’exubérance et de sobriété, de superficialité chic et de profondeur d’âme, de frivolité et de sincérité, de malice et d’humour, fait de toi un être d’une grande intelligence et d’une grande fidélité.
Alors, merci d’être entré dans ma vie et d’avoir permis de transformer tout ça en une nouvelle et belle amitié.
Tendrement
Damien

 

4e texte

Cher Sébastien,
Quelques-uns seuls de tes écrits, je connais Des images de toi, au travers, j’ai. Mais quelle est ta silhouette A quoi ressembles-tu ? Es-tu barbu ? Lecteur, semble-t-il assidu Tu admires certains écrits. Pourquoi alors une telle jalousie ? Ecrire est un plaisir, non un drame Lire éclaire l’âme. Alors que ta plume est belle Pourquoi une colère telle, Tes mots tourmentés Sont ceux d’un écorché, Au multiple secret, Ils définissent un être fasciné Egaré, enivré Par la lecture Et par l’écriture. Par tes écrits Tu nous séduis Aussi ai-je hâte de connaître Qui est cet être
Hervé

 

5e texte

Je te vois, bel inconnu, à travers la plage de tes mots, toi qui nous pousses dans un bain solaire, avec tes images intenses. Tes enfants sont une rivière céleste dont nous abusons de relectures. Ils parcourent le monde et nous en voyageons dans le luxe de ton vocabulaire. Alors, bel inconnu, montre-toi sans les artifices du réseau pour que visage je mette sur tes écrits. Quand je ressens la pureté de ton propos, je rêve d’entendre ta voix de poète vif, et d’être à tes côtés pour te connaître. Pour te comprendre et faire de toi notre Rimbaud.
Lou.

 

6e texte

Cher S.,
Tu m’as dit être en train d’écrire sur mon poème Les Yeux Noirs. Alors en voici un inspiré de ta nouvelle sur Nicole. Je le nomme les masques et les monstres, parce que nous les avons tous, ces masques du quotidien, et ces monstres en nous-mêmes. Et j’ai l’intuition que ceux de cette nouvelle sont aussi les tiens. Les voici, en six couleurs.

    Les zèbres - masque noir
Il en est ainsi de tous les zèbres
Hennissant à tous les diables
Mais hurlant dans les ténèbres
Crevant de ce qu’ils sont capables
Monstres aux talents d’orfèvres
Un masque noir refoule leur fièvre
Ils embrassent des mondes impalpables
De toutes leurs rayures dissemblables

    Les drags - masque rose
De leurs chansons douces, schizophréniques
Les drags décrochent les astres et la lumière
Sourires aux lèvres, regards lubriques
La nuit des strass est leur repaire
Pendus aux cordes de leurs vies
Leurs monstres tournent, étourdis
Leurs masques sont fardés de rose
Parés de paillettes, strike the pose
Leurs mains délicates dansent la vie
Et solitaire, dans leurs yeux, une lueur jouit

    Les possessifs - masque vert
Il y a dans la jalousie quelque chose de beau
Mais son envers montre les pires défauts
Il y a cette volonté de contrôle dans l’amour absolu
Peut-être lié à la peur de l’être perdu
Ce masque est vert de rage
En vers et contre tout
Il ferme à double tour la cage
D’un petit oisillon doux
Possédé par ce monstre abandonnique
Qui cherche à jamais ses muses poétiques

    Les écorchés vifs - masque rouge
Il y a dans la rage une part de puissance
Qui dégage soudain tout son lot de défiance
De paranoïa vaine troublée par la violence
De cicatrices, ravivées par l’errance
Ce monstre est l’écorché, survivor mais vivant
Ses plaies sont lourdes et pleines sous un masque fuyant
Il affronte la vie comme un cheval dément
Son masque est rouge, mais brille, comme un soleil géant

    Les rieurs - masque jaune
Difficile exercice que celui de faire rire
Certains en sont doués, d’autres en sont privés
Mais dès lors qu’il nous l’est expressément demandé
Le masque de clown se décroche, tombe, reste à nos pieds
Il existe des étoiles, nées sous de beaux cieux
Capables d’allumer une salle, pleine de rires copieux
Leur monstre est donc joyeux, rempli de mots d’esprits
Mais leur masque se laisse jaunir
Par la pulvérulence des confettis

    Les écrivains - masque blanc
Il y a dans l’écriture une part de divin
Qui transcende nos âmes
Ravive notre flamme
Et trace nos destins
L’accès direct à nos consciences
Les mots électrisent nos sens
L’essence des mots dans la prise
De nos instincts
Leur monstre est une plume
Leur masque est ce blanc de l’écume
De nos chemins

Tu le sais bien :
Elle désarmera nos délires
Défera nos masques du pire
Et calmera nos monstres, et nos chagrins.

Très amicalement,
J.H.-Hogan.

 


Un atelier proposait le thème : "un rendez-vous raté".

 

 

1er texte

« Find a mec » a bipé sur mon téléphone
Enfin le message que j'attendais, arrivait!
J'ai de suite fait défilé toutes les photos de mecs
et cliqué sur l'icône bleu des messages, en bas à gauche de l 'écran
Sans m'avertir, mon téléphone s'est éteint.
Plus de batterie
Je suis parti chercher un chargeur.
Dans ma précipitation , en traversant mon salon, j 'ai fait tomber une lampe qui s'est cassée
J'ai ensuite fébrilement branché mon téléphone,
Piétiné d'impatience en regardant l'icône de charge clignoter
En m'asseyant sur le canapé gris du salon, obnubilé par mon message futur
je n'ai pas vu mon chat gris qui allongé dessus, dormait.
Sous mon poids, il s'est esquivé en me griffant la main
Je suis allé dans ma salle de bain et pris de la Bétadine
Le bouchon du flacon , mal vissé m'est resté dans la main.
La bouteille est tombée sur mon pantalon, maculé de taches rouges sang.
J 'ai changé de pantalon et en remontant ma braguette
Ai coincé la peau de mes couilles.
Ça m'a fait très mal.
Sur ces entre-faits, mon chat avait disparu.

Je l'ai appelé sans succès. Ou est-il passé ?
Il aime se réfugier sur le balcon.
J'ai tiré, certainement un peu fort, je l’avoue, les rideaux de la porte fenêtre, qui se sont décrochés.
Tout ceci n 'est que matériel, me suis-je dit.
Sauf le chat, bien sûr qui s'était réfugié sur le toit
J'ai donc téléphoné aux pompiers.
Quand je me suis connecté de nouveau sur « Find a mec », le message, éphémère, avait disparu.
De toute façon, je suis sûr qu’il était moche !

 

2e texte

Ils s’étaient donnés rendez-vous à l’arrêt de bus, rue des lilas, elle avait un chemisier rose, lui, portait un chapeau de paille. Ils ne se reconnurent pas. Mais le voulaient-ils ? Un jour, il prit le tram pour se rendre au travail, elle prit le même tram mais pas à la même heure. La rencontre fut évitée de justesse. Une autre fois, elle voyagea en train pour des vacances en Italie, il prit le même train mais par erreur et dû descendre en catastrophe à la première gare. Ils auraient pu se rencontrer, mais le sort s’est acharné sur eux. Le 28 janvier 2019, elle déjeuna dans un restaurant sympathique, là où il travaillait, il était grippé. Il ne la servit pas. Deux ans après, il choppa la Covid, elle ne refusa pas de le soigner, simplement, son réveil avait refusé mystérieusement de sonner. Ses collègues surmenés s’en chargèrent. Quand elle entra dans la maison de retraite, il en sortit les pieds devant, hélas. Se rencontrèrent-ils au cimetière ? Leurs tombes étaient voisines. Et pourquoi pas ?

 

3e texte

- Cabinet du Docteur Charpoux bonjour,
- Oui bonjour Madame, j’avais RDV hier avec le Docteur et…
- Votre nom s’il vous plait Madame
- Madame Roux Jeanine
- Attendez, je cherche… Madame Boux vous m’avez dit ?
- Non, Roux Jeanine
- Roux….. Le matin vous m’avez dit ?
- Ah non c’était l’après midi
- A quelle heure ?
- A 15h00
- Mais le docteur Charpoux ne consulte pas l’après-midi Mme Roux,
- Pourtant je suis certaine, il me l’a donné lors de ma dernière consultation
- Vous avez du mal comprendre, Le Docteur Charpoux est à l’université tous les mardis après midi
- Mais hier ce n’était pas un mardi c’était un mercredi
- Quittez pas un instant, j’ai un appel sur une autre ligne

Le tel crache des « Bip bip bip bip  Crichhhhhcracchhh »

- Oui Madame Loux,
- Non Roux,
- Oui Madame Roux, que puis-je faire pour vous ?
- Et bien pour mon RDV d’hier !
- Quittez pas le docteur Charpoux me demande

Musique des 4 saisons de Vivaldi

- Mme Soux, le docteur Charpoux me dit ne pas vous avoir donné de RDV
- Mais enfin Madame c’est impossible il me l’a même écrit sur sa carte de visite que j’ai sous les yeux,
- Quittez pas
A nouveau les 4 saisons de Vivaldi
- Mme Moux donc pour ce RDV d’hier, il n’a pas pu vous voir
- C’est ce que je voulais
- Quittez pas

Re-vivaldi

- Oui allo Mme Poux, je peux vous donner un autre RDV, puisque vous êtes venu pour rien hier
- ROUX avec R s’il vous plait Madaaaaameeeee ET PUIS D’ABORD JE NE SUIS PAS VENUE CAR J’AI RATE LE TRAIN HIER
- Oui Mme ROUX avec un R, ah bah c’est bien vous n’êtes pas venu pour rien, donc on dit pour mardi prochain à 15 h ?
- Mais vous m’avez dit que le mardi il était à l’université
- Oui mais c’est les vacances la semaine prochaine Mme Leroux,

Vivaldi… final

 

4e texte : Rencontre épistolaire – l’auteur préféré

Je suis heureux. Je te lis depuis toujours. Tous tes livres, depuis le premier. Chaque ligne que tu écris, chaque mot que tu décris, c’est comme si je les avais moi-même criés. Quand je te lis, j’ai l’impression que ma pensée a toujours précédé la tienne. Que ces phrases proviennent du tréfonds de mon âme. Après nos longues discussions sur Instagram, je t’ai retrouvé sur Grindr. Je ne sais pas par quel miracle, mon profil t’a intéressé. Peut-être es-tu attiré par ma pilosité. Peut etre aussi parce que tu as reconnu les traces de ton propre style, dans mes réponses, dans tous les mots que nous avons pu échanger.  
Et cela vient. Une semaine à Paris, isolé sur la butte Montmartre, je te propose une rencontre. Et tu le souhaites aussi. Tu me dis même : il faut que tu me rencontres, moi. Laisse tomber tous les autres, ce sera nous et rien d’autre.   Il y a ici les mots de l’amour. Amour idéalisé, mais concrétisé dans l’écrit.  
Mon âme décolle. Mes membres s’engourdissent. Alors c’est cela. Je vais te rencontrer. Peut-être te toucher. Je veux t’être exclusif. Si tu le veux, parce que chez toi plus rien ne me fait peur. J’entends ta voix, je sens déjà la dureté de ta peau, et toute sa douceur. J’entends nos murmures communs, nos râles dans l’amour, la fusion même de nos corps. 
 
Mais un jour tout s’effondre. Parce que je suis aussi une brute de province, je sais que tu l’as ressenti. Parce que tu m’as dit : tu es à Montmartre, je vais m’incruster chez toi.
Mais oui, bien sûr que de toute mon âme, j’aurais voulu cela. Que tu t’incrustes dans ma chair, mon esprit, que ton intelligence m’enveloppe tout entier.  
Et ma réponse la plus idiote est sortie de mes doigts, abrupte, mais toujours teintée de cette naïve compassion, béante, redoutable. Je te réponds. « Est ce que cela veut dire que tu n’as pas de logement ? ».  
Tu sais bien que je m’inquiète pour toi. Que tout ce que je veux, c’est que tu puisses continuer à écrire, inconditionnellement. Je te savais précaire. Avant. Mais j’avais juste oublié que depuis ces années que je te suis, tu es devenu plutôt célèbre. Mais j’aurais tout fait alors pour jouer le sauveur, ce rôle infini qui me colle à la peau.  
Ta dernière réponse me glace encore le sang. « Je suis surpris de ta réponse. Je la trouve même plutôt vulgaire. ». Alors voilà ta dernière phrase. Et j’essaie de répondre, bêtement. Mais plus jamais tu ne donneras signe de vie. Notre rencontre à jamais oubliée. Alors pardonne ce simple lecteur, fan de toi, mais capable des meilleures envolées comme des pires disgrâces.  
Il y a dans la rencontre parfois ce décalage des âmes, qui ne vient que très tard, qui s’allume, puis s’abime ; ce décalage constant entre les êtres qui jamais ne s’étiole, jamais ne s’éteint.

 

5e texte

Il m'avait dit "je t'attendrai au pied de la chapelle, je viendrai avec un panier de thym, pour toi qui m'a dit raffoler des tisanes, ce sera mon cadeau de bienvenue". Moi, je serai presque en tenue d'Adam, un bouquet d'immortelles en guise de string, les cheveux entremêlés de lavande. Dimanche, 11 h 30, je descends du train des Pignes sous le regard médusé d'une mémé qui s'esclaffant me dit «O pôvre, l'arrêt pour l'asile c'était juste avant !" Je fais ma fière et je rétorque "et toi la momie, t'aurais pas perdu le chemin de l'EHPAD ?"
Sur ce, j'ajuste mon bouquet d'immortelles et tout frémissant je m'achemine vers mon lieu de RV que j'aperçois au bout du chemin. Que chaleur ! il est presque midi, personne devant la chapelle, encore un lapin ? Mais non, il y a là une pauvre chèvre couchée près d'un panier de thym. Je me dirige vers l'autel et au pied d'un crucifix, je lis sur un petit carton "la vieille que tu as vue en descendant du train m'a ensorcelé en me changeant en chèvre, mais tu sais, je serai très affectueuse, je te donnerai tout le lait dont tu auras besoin et si la zoophilie ne t'effraie pas trop, nous pourrons même aller plus loin "
A 13 h, je reprenais le train pour Nice, jurant que plus jamais je ne remettrai les pieds dans cette vallée !


Un atelier imposait les terminaisons : "-ECHE, -IF, -ION, -AFE, -ERIR et -OL".

1er texte

Je ferai court car ces sons m’assèchent et je ne ferai pas de lèche à cette dèche revêche.
Je ferai court car je suis rétif à tout supplétif oisif et si souvent expéditif.
Je ferai court car par définition, les ions circulent si vite que la vision ne peut suivre leurs circonvolutions.
Je ferai court comme un parafe, sinon à risquer de rester en carafe.
Je ferai court car à périr, dépérir sans jamais chérir, mieux vaut en sortir vite.
Je ferai court, car cessons cette farandole qui pourrait me rendre bien fol.

 

2e texte

Te souviens-tu mon lion à la crinière en rébellion ? Ta peau de pêche sous mes baisers chétifs se pâmait. Elle en frissonnait d’auréoles à la soif insatiable de mes attentions. Nous nous aimions comme des ados revêches.  Notre devise, plutôt mourir que périr impliquait nos réflexions immatures plutôt facétieuses.  Naïf, je filmais nos cabrioles pour divertir tous les Branquignols natifs du pays. Succès relatif de nos ébats festifs. Un jour où j’avais perdu mon self-control, j’ai commis la gaffe, poster nos créations sur un site lucratif, ce qui causa nos premières altercations. Malgré le pognon, nous étions dans la dèche. Notre relation en carafe s’épanouit en baffes et autres fariboles qui décoiffent l’amour. Cette brèche dans nos vies signa notre séparation. Hélas, mes souvenirs prennent leur envol. Entre regrets vifs et poncifs, j’ai choisi pour épitaphe « ascension », un peu de positif quand même.

 

3e texte

« Nicole est un peu folle, je vous le dis. Par tout moyen, jusqu’au glycérol, elle voudrait nous séparer. Notre relation n’est pourtant pas une extrasystole : Nicole et moi, à la vie, à la mort, on racole. Ensemble ou rien, unis comme dans une alvéole. »

Nicole est un peu folle. Ou alors elle déraisonne, elle n’est simplement comme personne. Rossignol zébré parfois dégingandé, il m’arrive d’observer notre reflet. Curieuse singularité, elle trouve drôle, pour égayer ce monde de mariols, que chaque jour de la semaine elle puisse changer de tonalité et de persolalité. Comme si, au grès des humeurs, elle se déguisait et se transformait. Institutrice, les lundis sont souvent revêches. Jalouse, les mardis sont possessifs et captifs. Les mercredis attention c’est jour de punitions. Les jeudis sont exquis, on rigole. Littéraire et fan de Baudelaire, les vendredis, elle se baffe et se transforme en dactylographe ! Enfin, il faudra bien tout un samedi pour guérir d’écrire. Mais le dernier jour, surprise du dimanche, le personnage de Nicole laisse alors exister son monde de rage et de sanglots. Devant le miroir aux monstres, son imaginaire dissocié donne vie à son mélo. « Je remonte alors à la surface avec à ma colère de salaud pas encore transmuté. » Tout ce protocole. Toutes ces paroles. Tant de babioles. Ça l’épuise Nicole. Lasse, elle rêve. Un rêve de libertés sans cachou et sans assonance insolente. « Je vous l’avoue, j’ai peur de voir mon univers s’effondrer. Mais de toute façon, ici, rien n’est vrai : tout ça c’est du drag… »

Nicole est un peu folle. Elle aligne les comprimés de Propranormol* et pourtant sa démesure prend son envol. Inadaptée, elle flageole dans un univers au vitriol. Lucide, elle sait, elle voit le monde tel qu’il n’est pas. Désespérée, nimbée dans le Formol*, la réalité lui crache au visage et la viole. Sur les réseaux ramollos, elle se compare et ressent un ras-le-bol d’obéir à des popols indécents qui fabulent et flatulent leurs fantasmes, leurs aventures de méprisables Colargols. Elle voudrait simplement leur ressembler mais en fait elle dégringole. Sans aucun like, elle se désole. Photographiée, fille de papiers pas encore assez maquillée, elle s’imagine femme idéalisée et pixellisée au scalpel. Elle se console et s’isole dans son œuvre scarifiée. Elle ressent que bientôt elle quittera le sol. « Je sais que l’horrible métamorfollose approche. »

Nicole est un peu folle. Apérol et cannabidiol, ses deux meilleurs amis, caracolent. Grâce à eux, elle somnole. Sans auréole, elle croule sous les colonnes. Malgré les conseils de Ru Paul, elle cherche toujours son rôle dans cette vie qui s’étiole. Les joyeux comprimés de Paracétamol* s’accumulent. Sous l’empire de l’alcool, elle ingurgite une à une les pilules au menthol. Sa vision se bariole et Nicole danse une sombre farandole. Triste pantomime, comme Michöl, elle est fan du Propofol*. Tout cela n’est pourtant pas si rock and roll. « Et vous les gogols, êtesvous vraiment capables de lui laisser prendre le contrôle ? » Pour obtenir l’ascendant, elle connaît la recette magique, olé, on décolle. Un peu d’Haldol*. Allez ! Encore un peu. Elle en raffole la monstrueuse Nicole. Bientôt anesthésiée, elle sortira de ma camisole. Le papillon sera libéré de mon emprise. Indolente, insolente et insouciante, elle ne ressentira plus la solattitude, finie la soledad. Juste avant qu’elle ne batifole, elle ingère encore ces foutues gouttes d’œstradiol* pour une dernière gaudriole. Par vos crèmes, vos onguents et vos hormones, elle m’efface toujours plus. Tout va décidemment de traviole : notre vie commune ne tient que sur un simple bristol d’ordonnance. Une dernière fois, ma poupée, votre chiffe-molle se cajole et applique sa pommade au rétinol. Un peu folle notre amie Nicole, mais toujours aussi cagole.

Nicole est-elle un réellement un peu folle ? « Ou alors serait-ce vous odieuse vérole ? Vous. Oui, ses médecins prestidigitateurs et racoleurs qui vous croyez créateurs de lucioles. Foutus psychologues, dans vos cliniques, vos patients ainsi internés dans vos putrides mégalopoles, vousleur faites vénérer les consensus et les hyperboles. Vous acceptez tout : vous voulez muter, révolutionner ma Nicole et ainsi me désincarner. « Je dis non ! Dites adieu à vos Idoles, je veux continuer à subsister. J’y suis. J’y reste. » Nicole rafistolée par vos soins, mais encore débricolée, aura tout essayé. Son existence, sans moi, se doit de rester maquillée. Peinturlurée, apprêtée, elle n’aura pas réussi à recoller les morceaux brisés de sa vie cambriolée. Sous votre regard, elle pense devoir tout casser pour changer,sans chercher à s’accepter. Vous, les odieux trolls qui n’avez rien à dire mais tout à montrer sur vos banderoles publicitaires. Vous oseriez tout pour vous accaparer le pactole. Et pour Nicole, pas même une obole ? Tout un symbole. Enjôlée dans sa création corporelle sans boussole, je le sais, elle vous méprise pauvres mongols. Si elle le pouvait, elle vous tordrait le col. « Mais ne vous affolez pas maudites bestioles. Votre monde de bémols survivra à Nicole. Taisez- vous s’il vous plait et laissez composer Nicole pour qu’elle n’abandonne pas ma nécropole. » Encore quelques fioles, un soupçon de Donormol* avant qu’elle ne m’immole…

« Mon halo incandescent sera donc l’épilogue de Nicole. Au galop j’abandonne mon ilot de prolo et prends corps avec culot.
Vous pensiez m’annihiler avec vos remèdes. M’estomper à grands coups de bistouris…pour le soi-disant bonheur de Nicole. Mais qui pense à moi ? Le pauvre garçon que l’on aimerait déconstruit, que l’on souhaiterait trop vite détruit ? En pleine érection, en reconstruction, qui pense à moi ? Fini les assonances en ol car je suis plus que réglo. Finies aussi les allitérations, je ne suis pas votre sténodactylo. Pas de jeudi en ol dans mes nouvelles ni aucun autre jour en afifion ou échérir. Non, pas de tout cela dans mon boulot. Je décide. Adieu l’Haldol*. Je traverse maintenant le miroir dominical. Je resterai homme. Je ne deviendrai pas votre folle. Certains m’appelleront travlo. Et bien tant pis. Je resterai votre échec, votre Monstre, Mesdames et Messieurs les psycholos. Je ne serai pas votre métamorphose et encore moins votre croqueuse d’hommes. Je n’obéirai à personne. J’accomplis ici mon propre gynocide. Nicole, mon double féminin, est enfin euthanasiée. Je ne m’évaporerai pas devant votre créature. Je me suis libéré. Je reprends le pouvoir. Je resterai le mâle de l’alpha à l’homme- méga. Pas de magie noire, pas de prodige, Nicole aura eu beau tenter de m’anéantir, j’aurai résisté, persisté et signé son arrêt de mort.

Je redeviens son reflet et les syllabes s’inversent. LOL. Ultime palindrome pour vous les charlots de la nov-langue. Je ne serai pas votre gigolo. Tremblez maintenant les obèses ramollos. Basta vos trémolos, tout part à volo. Pauvres rigolos. C’est moi qui m’extrais du tableau. Un peu mégalo oui. Je sors de l’eau et reprends vie. Ma vie. J’EXISTE. Je brise le hublot et lance vers vous tous mes javelots d’intello. Mon arme ? Mes stylos !

Nicole n’était pas folle. Je l’aimais ma Nicole. Je la sauve de vos griffes, la protège de vos délires. J’éclos !

 

4e texte

De voir périr la civilisation de la bagnole qu'il nous a fallu chérir
Après toutes ces concertations passées
Ces rencontres ou la passion côtoyait des états dépressifs, agressifs, créatifs
Ces réunions de conception, de concession, d'innovation
Ces espaces ou un discours incitatif, participatif, vif, positif ou négatif
Ou il nous fallait ressentir, écrire, transcrire, accueillir
Traduire l'évolution, la libération, la privation, l'appropriation d'idées
Parler de destination, de tarification, de station , de privatisation
Tout cela pour plus rien,
Alors je me questionne
Faut-il maintenant mourir,
Ou partir
Se prélasser sur le sol recouvert d'une étole,
S'allonger sous un parasol ou sous un toit en tôle,
Ou être à l'ombre d'un if pour ne pas avoir rouge son pif

 

5e texte

La première fois qu'on me traita de tafiole, j'étais encore à l'école. J'en fis part à mon frérot qui me dit : "si tu faisais moins ta folle, tu serais pas la reine de l'école" Côté compassion, le frérot c'est pas un champion. C'est vrai que je suis émotif, que je tortille souvent mes tifs, que je fais ma pimbêche quand dans la conversation il est question de masturbation. J'ai du mal à sourire quand j'entends : " et toi, fofolle, la tienne, elle est toujours molle ?" Je voudrais tant leur foutre des baffes, mais comme de l'école je suis la reine, ne dois-je pas faire preuve de compassion face à ses avortons qui sous leurs tignasses, cachent tant de crasse.

 

6e texte : Les lèvres sèches

J’aime ta passion
J’aime cette fusion
Entre nos horizons
 
Le puits sans fond
De nos obsessions
 
Un soir d’alcool
Nuit sans boussole
Soudain s’envolent
Nos âmes folles
 
Masques instinctifs
Actif abusif
Passif sensitif
 
Nos cœurs captifs
Sanglants, à vif
 
Toi sans bémol
Allumes la mèche
Et je décolle
Les lèvres sèches
 
Ton obsession
Eclipse ma raison
Occulte ma vision
Mon âme en rotation
 
Tes codes primitifs
Ma pleine soumission
Ce regard punitif
Plus de questions
 
Si tu m’attaches,
Serais captif
Si tu te fâches,
Plus affectif
 

Si tu agrafes
Mes tendres émotions
Si tu me baffes
J’embrasse ton front
 
Jusqu’au sourire
Ma dévotion
Jusqu’au délire
Ma commotion
 
Mon ange, mon démon,
Alors encore, trinquons,
Avant qu’on nous immole
Pour nos amours si folles

 

 


Un atelier portait sur le sujet de la "Nudité" avec les mots imposés suivants : "enflammer – rotatif – gala – perle – brouette – silhouette – piment"

1er texte : Île du levant

J’embarque. Tu me serres les hanches. Une semaine de nudité nous attend. Mes yeux figés sur le sillage du bateau. Tes mains posées sur mes cuisses étendues. Ta silhouette musclée sous ce ciel enflammé.
Je pose le pied sur ce port minuscule. Nous devant ce panneau : nudité recommandée. Tu soulèves mon polo lentement. Je déboutonne ton bermuda rose perle. Nous nous embrassons, plusieurs secondes. C’est tout le temps comme cela les premières heures, je ne peux pas m’empêcher de bander.
J’ouvre la porte de notre gite tranquille, à droite juste après la petite brouette. Il n’aura pas fallu plus d’une minute pour que tu te jettes sur moi. Que d’un geste rotatif tu me retournes vers toi. Que je m’oublie complètement dans tes bras.
Je descends nu vers la petite plage. Une seule plage, unique, un demi-cercle magique, où les corps étales se touchent presque, où la sensualité déborde. Je me roule dans ce paréo rouge piment, j’ausculte chaque partie de ton corps, et le masse lentement.
Je nage dans les eaux translucides, le sexe libre, ces fesses poilues que tu aimes te suivent dans le mouvement des vagues. Nous nous retrouvons près de cette grotte mythique, si calme, où les rayons luminescents transpercent les fonds bleus, où les poissons oscillent lentement. Tu me surprends à me frôler le torse, tu me bloques doucement sur une pierre blanche. Nos corps fusionnent dans les eaux claires et calmes de l’île du Levant. Ce soir, au coucher du soleil, nous irons tous les deux au gala de l’île, nos paréos légèrement serrés sur nos hanches lascives…

 

2e texte

Discrètement, je te regarde du coin de l’œil, ta silhouette massive m’impressionne et fait s’enflammer peu à peu mon sang. Mon regard dissèque alors, une à une, chaque partie de ton corps. Je commence timidement par regarder le bout de tes orteils de tes pieds, mes yeux osent remonter le long de tes jambes sculpturales. J’imagine tes impressionnantes mains enserrer mon corps frêle. Ensuite, je tourne autour de toi dans un mouvement rotatif, et mes yeux se posent alors longuement sur tes fesses rondes et cambrées aussi appétissantes que des pommes galas. Je continue de tourner autour de toi et découvre ton appendice pas plus gros qu’un piment mais tout aussi piquant.
Mes yeux s’élèvent un peu plus et détaillent avec délectation ce torse antique qui fait renaître en moi tant de désirs. Des gouttes de sueur perlent sur mon visage, mon corps suinte d’envie et d’excitation. Ma tête se contorsionne et se lève pour enfin voir ton visage d’ange, tu regardes vers le ciel, le monde semble d’appartenir, tu es un roi. Je semble si petit face à toi. Oh mon beau David ! Michel Ange t’a fait sans faille, vite une brouette, je sens que je défaille.

 

3e texte

- Tu as vu le dernier Gala, quel scandale ! Je te l’avais dit que cette princesse de pacotilles sur son rocher bling-bling n’était qu’une starlette de troisième zone. Tiens regarde cette photo, c’est du porno !
- Mais non, tu sais bien que ces journaux, c’est un peu pourriture et compagnie. Ça ne m’intéresse pas trop.
- Mais si regarde !
- Non mon matche de rugby va commencer,
- Mais si, regarde j’te dis,
- Aller, passe-le-moi vite fait, avant que les équipes entrent sur le terrain ! oh Put…. C’est du hard. Attend, passe-moi mes lunettes qui sont sur la table, juste derrière toi. A oilpé, carrément ! Oh la vache, la princesse elle est vachement gaulée !
- Faut pas exagérer quand même, doit y avoir du photo shop !
- Mais elle montre ses tétés et sa touffe. Elle s’est faite payée pour ça, il non plus d’argent au Palais.
- Bon ton match va commencer, tu me rends mon journal !
- Attends attends, tu vois bien il n’y a rien encore à l’écran, oh et cette photo …Oh mais la vache, cette putain de silhouette avachie dans la brouette c’est qui ? Mais c’est le prince ? en érection, elle petite sa bistouquette. Ah Ah Ah ridicule ! Et l’autre greluche nue comme un ver avec son collier de perle.
- Bon tu me rends ce journal ou j’éteins la TV
- C’est ça arrache le moi des mains
- Espèce de cochon tu t’excite pour 1 rien alors qu’avec moi tu ne t’enflammes plus même après la soupe au piment.
(Elle pleure et lui rallume l’écran en lâchant un rot hâtif.)

 

4e texte

Juliette était une perle. Je l’avais rencontrée dans un gala, au palais des festivals. Une drôle de rencontre. Elle était habillée. Sa beauté saisissante ravissait les convives et sa plastique parfaite attirait la gente masculine de tout le pays. Elle a enflammé mon imaginaire. Je me suis approché d’elle en catimini. J’ai contourné la femme de mes rêves et les projecteurs se sont trouvés face à moi. La silhouette de la belle se découpait sur fond noir. Aveuglé, je me suis pris les pieds dans un vilain tapis. Dans un mouvement rotatif de chute en avant je me suis accroché à ce que j’ai pu. Juliette entre autres. Sa robe ne m’a pas retenu et je suis tombé au sol avec le riche tissu. Soudain elle était nue devant moi, et pas du tout effarouchée. Merci m’a-t-elle dit, il faisait trop chaud. Mille flashs ont saisi l’instant magique. Elle s’est penchée et m’a embrassé. Sa bouche empestait le piment, ce qui ne m’a guère déplu. J’étais là, à genoux, devant la vedette en Ève, son visage d’ange me souriait, son opulente poitrine parlait à mes sens. J’en ai perdu connaissance. On m’a sorti du palais dans une brouette paraît-il.

 

5e texte : Barbaro et Brutus, chiens gays

Je m'appelle Barbaro, je suis ce qu'on appelle un bâtard. Je viens de Calabre. Séparé de ma mère et de mes 4 frères et sœurs dès l'âge de 3 mois, j'ai été confié à une gentille dame qui n'avait de cesse de me bécoter en m'appelant « tesoro, amor mio, cicciolino » en me gavant de friandises, A 5 mois, elle m'apprit que je devais effectuer un grand voyage vers la France et que j'allais avoir 2 papas, très gentils, qui vivaient dans une ville pleine de soleil comme dans le pays où j'étais né. La première chose qu'ils firent, fut de me donner un nouveau nom : Barbaro au lieu de Pipolino, car avec mon poil rêche et mon allure de chien de chasse j'avais un petit air barbare et puis Pipolino, entre nous, ça faisait un peu chochotte ! Dès le 3 -ème jour, j'assistais bien malgré moi à une scène qui me surprit et me ravit à la fois : mes 2 papas jouaient au chien et à la chienne dans une position que j'avais souvent observée là-bas en Calabre. Au parc à chiens où ils m'emmenaient chaque jour, je m'essayais à de mêmes jeux avec les autres mâles, ce qui n'était pas du goût de leurs maîtres qui se précipitaient vers nous en vociférant pour tenter de nous séparer. Les chiennes me laissaient indifférent quand elles venaient se frotter contre moi je n'avais d'yeux que pour les gros chiens et leurs derrières que j'allais renifler avec délectation. Alors que je venais d'atteindre un an, mes papas reçurent 2 autres papas accompagnés d'un robuste bâtard nommé Brutus, qui, m'ayant à peine reniflé, me grimpa dessus sans ménagement sous le regard complice de nos maîtres, qui en s'esclaffant nous dirent « et bien mes cochons, vous nous aviez pas dit que vous aussi vous faisiez partie de la famille ! » Nous n'avons pas compris de quelle famille il s'agissait, mais seulement que nous pouvions poursuivre notre ébats sans retenue. Quelque temps plus tard, nous partîmes tous les 6 sur une île au large de la côte où beaucoup de garçons se comportaient comme nous, allant tous nus, souvent avec de jolis colliers autour du cou mais sans grelots ni numéros de téléphone gravés sur de petits os en métal, Au retour, comme Brutus et moi étions devenus inséparables, nos papas nous offrirent une grande niche à 2 places avec au-dessus de l'entrée 1 cœur avec en son centre nos deux initiales enlacées.

 


L'atelier du 21 octobre portait sur le thème suivant : "Vous vous mariez pour la cinquième fois avec votre partenaire qui est à son premier mariage ou... l'inverse....vous allez vous marier pour la première fois et votre partenaire en sera à sa cinquième union"

1er texte

Le mal s’est-il sournoisement infiltré dans mon sang ?
Moi qui moquant mes sœurs empressées de convoler
Qui les années passant, ont vu leurs rêves s’envoler
Et regrettées amèrement ce lien devenu tourment.

Moi, me marier quelle gageure, quelle absurdité,
M’aliéner à une promesse, à un rêve,
D’un « à tout jamais » qui serait sans trêve,
Ma raison, s’est-elle à ce point délitée ?

Pour que dans un instant, même pas demain mais tout à l’heure
Je dise OUI à ce Don Juan aux multiples conquêtes
Qui après mille recours s’est emparé de mon cœur,
Lequel devenu sans défense, a cédé à sa quête.

Sans attraits singuliers, la jeunesse m’a quittée,
Je me montrais à lui sans fard et sans vanité,
M’appuyant sur mon seul esprit si souvent vanté,
M’amusant de ses assauts enfantins et pressés,

Lui qui peut, sans ciller, conquérir toutes beautés
Est venu vers moi, et sans relâche m’a courtisée.
Son visage si peiné à chacun de mes refus
M’a empli d’un trouble jusqu’à présent inconnu.

En le négligeant, je refusais de ressentir cet émoi,

Qui peu à peu imperceptiblement s’est emparé de moi.
Non, ce n’était pas un conquérant pour un trophée de plus
Mais un homme, doux, tendre, sincère, un amant, mon Elu,

Je me mis à l’apprécier, à rechercher sa compagnie,
Puis lentement, à chaque jour naissant, à l’aimer jusqu’à m’abandonner.
Riez, maintenant puisqu’à mon tour je me marrie !
Sans arme pour me défendre, j’en accepte la moquerie.

Il en sera ainsi fait et nos alliances, symboles de nos vœux
Scintilleront de tout leur feu
Pour quelques temps…
Pour quelques temps seulement ?

 

2e texte : 5 ème mariage...

Aujourd’hui 12 décembre 2012, je me marie pour la 5 ème fois, comme tous les 2 ans. Mes autres mariages étaient le 4.4.2004, le 6.6.2006, le 8.8.2008, et enfin le 10.10.2010, oui, j'aime bien que tout soit bien carré, calculé, organisé. Les femmes que je choisis n'y échappent pas, 22 ans,  mètre 62, 52 kg.Bon, ça c'est pour commencer, ensuite ça se complique. Au début elles trouvent ça assez drôle, mais très vite ça dégénère car le chiffre 2 s'impose toujours : 2 relations sexuelles par semaine, une le lundi, 1 le jeudi, 2 voyages par an, 1 vers le Nord, l'autre vers le Sud, pas plus de 2000 calories par jour.Oui, vous l'avez bien compris, j'ai un faible pour le chiffre 2, si on a 2 bras, 2 jambes, 2 reins, 2 oreilles, c'est quand même pas par hasard ! le chiffre 2 me rassure, il me maintient en équilibre. Mais qu'est ce qui me pousse à vouloir toujours me marier, pour ensuite vouloir divorcer ? D'abord parce qu'un couple c'est 2 et qu'1 mariage et un divorce c'est toujours une paire ! Ensuite parce que j'adore organiser, les mariages et les divorces sont mes terrains de jeu favoris, j'y consacre des mois entiers. Mes femmes ne me comprennent pas, elles ne perçoivent pas toute la poésie des chiffres, elles ne comprennent pas que dans la nature tout est carré et que l'anarchie mène au chaos.Je n'ai aucune difficulté pour séduire, je suis beau, riche, en bonne santé et si généreux quand on m'obéit.Pourquoi finissent elles toutes par se rebéler quand c'est si facile de dire oui ? L'amour, n'est ce pas regarder dans la même direction, alors pourquoi vouloir regarder ailleurs ? . Pourquoi, invariablement me poussent elles à aller consulter un psychiatre ? Le divorce devient alors vite inéluctable. Bon, oublions tout ça, aujourd'hui, nous avons rendez-vous à la mairie du 12 ème, à 12 heures précises, nous y rejoindront nos 12 invités et bien sûr nos 2 témoins. Je suis heureux, tout s'annonce comme prévu, mais voilà qu'elle m'annonce que nous avons des invités surprise, Alain et Hervé. Tu as de la chance lui dis-je car ils sont 2 et tu sais que le 2 est mon chiffre fétiche mais ne recommence jamais à me faire des coups pareils car tu pourrais bien le regretter et puis tiens, prends toi ces 2 baffes tu ne les as pas volées !

 

3e texte : Croqueuse d’hommes

 « Ils nous attendent mon amour. » Nos endimanchés sont venus fêter notre mariage. On les entendrait presque crier famine ces gourmands. Je m’éloigne de toi. Un peu. Et encore un peu. Je te scrute, féline, et te dissèque sous toutes les coutures. Ta virilité pantelante ne fait qu’accroître mon obsession. Quel trophée cela serait ! Admirative, je tombe en abyme pour mieux convoquer le passé. Je me souviens de notre rencontre. Moi, ta première épouse. Toi, mon sixième prétendant et « croismoi, tu n’auras pas été sélectionné au hasard ». Ton vice espérait que je confonde convoitise démesurée et amours exaltées. Tu avais tout pour toi. La plastique de ton emballage était parfaite. Sur l’étale de l’application Rencontres, tu resplendissais et nourrissais d’avance mes ambitions follement artistiques. Abordable, tu t’es offert à moi. Tu te rêvais mannequin ou muse. Te voici à présent nature morte. Tu es mon Galatée. Je me prosterne devant toi, te vénère, te dévore des yeux. Mon rite a maintenant commencé. Statufié. Muselé. Figé dans un étonnement extatique, tes lèvres muettes ne savent plus disperser qu’un long silence bleuté. Un frisson glacé me parcourt. Tous mes poils se hérissent, ils crépitent d’impatience. Ma peau craquèle sous la tension de mon appétit charnel. Mon fantasme carnassier va renaître. Corps désinvolte ici abandonné, esprit désincarné, je n’ose te toucher. « Pas encore, je dois me contenir ». Je savoure l’instant. Tel l’orfèvre, mon cérémonial méticuleux n’a de cesse de s’améliorer depuis mes premières noces. Je me délecte. J’ai appris à prendre mon temps. Patience. « Ah si tu avais su tout cela avant... » Ta transpiration aphrodisiaque s’en est envolée, diluée parmi les éthers. Tes yeux bleu d’azur perdent lentement leur incandescence, ton torse puissant d’animal de proie s’affaisse mollement sous mes potions. Pathétique pantin, tes forces autrefois fulgurantes s’enfuient. Ivre de désirs, j’ose enfin couvrir de baisers gourmands ta peau caramélisée. « Exquis ! » De longs spasmes jubilatoires me traversent. Je poursuis ma liturgie et appose sur tes lèvres pâles le baiser de la mort. J’aspire ton ultime souffle de vie. Te souviens-tu de cette façon si singulière que j’avais de t’embrasser ? Il ne s’agissait là que d’un présage : je te respirais, te humais, te goûter par anticipation. « Je m’imprégnais déjà de toi, mon amour ». Bientôt, je consommerai notre première nuit d’amour sincère. Je dessinerai alors sur ton épiderme les fantômes de mon art. Puis morceau par morceau, je te travaillerai au corps. Nos préliminaires seront d’une minutie chirurgicale. Je sculpterai et tailladerai tes formes. Je cisèlerai finement tes muscles rebondis. Surtout ne rien abîmer : ni ta chair attendrissante, ni la noblesse de ta beauté intérieure. « Sais-tu que le foie est l’organe le plus lourd du corps humain ? » Grande insatiable, je peaufinerai jusqu’à la perfection mon œuvre d’écorchée vive. Ma folle création destructrice prendra vie et tu renaîtras par moi, pour l’éternité. Je t’avais prévenu bel Apollon : « Je te mangerai... tout cru ».

 

4e texte : Les yeux noirs

Tu sais bien la souffrance
Tu connais ces délires
Qui portent ton errance
Dans le jaune de tes rires

Et tu sais quand tu sombres
Quand plus rien ne t’arrête
Tu regardes ton ombre
La poudre est ta défaite

Ils t’ont bien tous quittés
Quatre maris trompés
Dans cette peur du vide
Vertiges sous acide

Tu marchais sur les braises
Trébuchais sur leurs cœurs
Tu cours sur les falaises
Toujours le sens des pleurs

Tes addictions éternelles
Tes hauts, et tes bas
Tes tourments, tes étincelles
Ne les épargnaient pas

Les yeux noirs, le cœur défait
Cette petite mort dans l’âme
Ont bien éteint la flamme
Que toujours tu cherchais

Mais il te reste pourtant toujours une lumière

Il me suffit
Que ton ombre apparaisse
Que ton odeur approche
Lentement
Pour que des frissons se répandent sur mon corps
Pour que ta voix m’envahisse
Que tes doigts me frôlent
Et m’affolent
Pour que mon cœur s’emballe
Tombe sous tes rafales
Et puis tu me regardes
Ton iris perce le monde
Il fait trembler la terre
Et engourdit mes jambes

Alors je serai là
Mon cœur aura dit oui
Sonne le cinquième glas
D’un règne infini

Je lécherai
Chaque centimètre de ta peau,
Je me délecterai
De chacun de tes mots
Je boirai
Ton regard jusqu’à la lie
J’avalerai
Les kilomètres de nos vies

Et tout m’envahira
Rien ne me retiendra
Je serai ton pilier
Ton phare, ton allié

Peu m’importera même 
D’être le cinq ou sixième
Le plus conscient de tout
Mais aussi le plus fou

Je crève de te voir
Me passer cette alliance
Figé sur tes yeux noirs
Noyés dans le silence

Je puiserai mon énergie dans tes délires
Je remonterai les pentes sous nos rires
Et porterai toujours notre flamme immortelle
Le bras levé jusqu’aux olympes éternelles

 

5e texte : L’histoire de Tourmaline et Bébert

Lui était beau, grand, fort, velu à souhait.
Elle, était menue, et même minuscule, distinguée, presque glabre à force de soins de beauté dans les plus luxueux salons. Lui était de la rue, débrouillard, futé, un vrai batard. Libre de sa quatrième compagne, il avait repéré la Tourmaline, une minette innocente pleine de fric, une bonne affaire. Elle était de sang bleu et vivait chez sa richissime patronne. Le jour où elle a senti Bébert, son cœur chaviré a cédé aux avances du gentleman séducteur. De sa hauteur, il a embrassé la belle ingénue, certain qu’il était son premier amant. Bébert se considérait comme parfait. Son unique défaut était son appareil dentaire de médiocre qualité et saillant. Tourmaline trouvait que cela ajoutait un charme fou au personnage. Elle voyait déjà les bébés dans son château, tous joufflus et abreuvés de son riche lait. Un mix de sa beauté et de la force de son amant. Les yeux vitreux d’amour, elle a répondu au baiser du beau garçon. Diantre qu’il savait faire. L’union se fit sans la présence de la grande bourgeoise indisposée et bloquée dans son lit. Tourmaline fit visiter l’immense parc au solide gaillard qui ne cessait de jouer des muscles. Pas besoin de cérémonie, de curé, de maire, les ébats des mariés se firent dans la stricte intimité, sous le grand saule. Un problème de taille survint là, au bord de l’étang, alors que les serviteurs avaient garni de nobles victuailles les plats en porcelaine fine. Bébert ne parvint pas à trouver l’issue, et Tourmaline, même en bondissant n’atteignit jamais l’entrejambe de son mari adoré. Perdre sa virginité en devenait très problématique. L’issue platonique de ce couple improbable ne faisait plus aucun doute. Un bouledogue bourlingueur et une princesse chihuahua ne font pas bon ménage.

 

6e texte : Premier mariage avec un serial noceur...

Hello les copines !!!!! Aujourd'hui c'est mon wedding day !!! Le plus beau jour de maaaaa vie.... Faut dire je suis gâté, j'ai trouvé la perle rare ! L'homme de mes rêves. Le prince charmant...
Il est parfait. Beau, intelligent, riche, sérieux et un amant extraordinaire. Et ce jour est là, pour célébrer ce rêve parfait qui se réalise. Tout est allé si vite, cela fait plus de deux semaines que nous nous sommes rencontrés. Un coup de foudre, une évidence. Nos deux destins étaient faits pour être liés. Notre rencontre dans le sous-sol d'un bar du marais a été explosive. En moins de deux minutes nos corps fusionnaient. Oui je sais ce que vous allez dire... Mais on a discuté aussi, on avait tellement de points communs : j'aime manger … lui aussi…il aime l'art, moi aussi, j'adore Julie Pietri, il est très cultivé, moi aussi, je fais pousser des tomates cerises tous les étés sur le rebord de ma fenêtre. Bref, tout semblait claire comme de l'eau de cloche... Parce que c'était lui... parce que c’était moi… Dès le lendemain, nous avons décidé de ne plus nous quitter... Tout est arrivé si simplement. Notre bonheur illuminait notre entourage. On sentait même un peu de jalousie autour de nous... Aussi pour prouver qu'entre nous deux, « c'est du sérieux », le mariage s'est imposé. On a vite trouvé une date, réservé le meilleur hôtel-restaurant chinois de la ville : « le Palace » pour le repas et David Gettho pour la musique, the best... J'ai bien lu les promesses et appris par cœur les textes... Article 212 : les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours et assistance. Respect, je promets de respecter belle-maman ... fidèle comme une chienne, et secours, là direct ça, ça va, j'ai mis en favori le 15 sur mon phone. Trop heureux que ce jour arrive enfin !!!
Encore une fois, j'ai pas su dire non. Et voilà comment un plan cul d'un soir se transforme pour la 5ème fois en plan galère. Faut vraiment que je consulte. Mon problème : je suis un gentil, je ne veux pas faire de peine aux gens, et je ne sais pas leur dire non. Résultat, je me trouve là, à entamer mon 5ème mariage.... Mais non, je ne suis pas un monstre, mais les voir si heureux, enthousiastes, plein d'envie et de désir.... Parce que ça du désir, ils en ont... Ils en ont tous eu mes 4 précédents « maris ». Comme si le mot mariage agissait sur eux comme du viagra. Alors bon, moi je ne fais qu'assouvir ces envies... Je vous ai dit, je suis un gentil. Je rends service quoi. Bon, ce qu'il y a de bien, c'est que maintenant, je connais la chanson, les démarches, avant, pendant... après. C'est l'occasion de se faire une bonne fête entre potes, une bonne bouffe, de repérer quelques ptits lots... Et puis, en plus après le mariage, les cadeaux, j'arrive toujours à en garder quelques-uns de très utiles, après. Et puis surtout, il y a la lune de miel, moment le plus chaud du mariage dans des lieux plutôt sympas... Mais bon, va quand même falloir que je consulte... En attendant, faut que je m'habille... Faudrait pas gâcher la fête et arriver en retard. La ponctualité, c'est la politesse des rois, et puis … demain direction Bali...

 

 


Lors de l'atelier du 4 septembre, le thème était le Haiku avec les mots suivants : orage, éclair, sécheresse, étoile, vague, soleil, zénith, nuits chaudes, source, méduse.
Voici les nombreuses propositions des participantes et des participants :

L’orage gronde
Tout en vertu de colère
Zébré de lumière.

 

Une vague étoile,
Dans le silence du ciel
Me promet l’amour.

 

L’orage
L’air chaud m’étouffe,
La clarté avalée meurt
Place au show

 

Les éclairs
Zig zag géant,
Tu jaillis soudainement
Du ciel vers la terre

 

La sècheresse
Caillou et poussière
La terre se recroqueville
Elle assèche.

 

Les étoiles
Une, deux, dix milliards
Innombrables vous scintillez
Mon regard se perd

 

Les Vagues
Flux et reflux
La lune pour écuyère
Liseré d’écume

 

Le soleil au Zenith
Absence d’ombre
Il étale sa force et sa puissance
Mais déjà décline

 

Les nuits chaudes
Pourquoi se coucher
Le sommeil ne viendra pas sitôt
Parlons encore

 

Une source
Le rire en jaillit
Le troupeau te sent et te cherche
Te trouve et te boit

 

Les méduses
Mousseline aquatique
Portées par les courants
Aïe tu piques

 

Vague
Dans cette vague
Mon esprit enfin divague.
Ah non, je me noie !

 

Méduse
Dans l'onde salée
Ton corps glisse et s'immisce
Aïe! Pique la peau!

 

Soleil au zénith
Tout en haut du ciel
Tes rayons brillent de mille feux
Cuisent vite mes œufs.

 

Éclairs 1
Bras de Jupiter
S’abat sur cette Terre
Il crie sa colère

 

Éclairs 2
Mille et un éclair
iconique pâtisserie
te dévore sans faim

 

Étoile
Une nuit, une étoile
Éclaire ma nuit d'insomnie
Non ! Un lampadaire

 

Nuit chaude
Canicule d'été
la nuit chaude exhale mon corps
les draps sont trempés

 

 Et voici un texte libre sur le même thème:

Orage
Il y a plusieurs heures maintenant qu’il pleut.
Une averse de bord de mer.
J’ai laissé toutes les portes ouvertes.
Tu sais que j’aime les pluies d’été.
Je laisse s’envoler les rideaux blancs, tu sais bien, ces rideaux qui étaient là, de partout, autour de nous.

Je regarde la mer. Noire. Immense. Inconditionnelle. Elle rugit.

C’est ce bruit là que tu aimais.
Le hurlement des vagues noires sur le sable invisible.

J’ai posé mes mains sur le balcon. J’ai attendu que les éléments se déchaînent. Pour me sentir frissonner, terrassée par cette ambiance électrique ; je suis certaine que de là où tu es, tu la sens aussi, cette tension de l’air qui ne demande qu’à se déchirer. A exploser.

Et cela vient. Doucement d’abord. Au loin, il y a ce craquement imperceptible des éléments. Mon regard se fond sur cet horizon noir, cette attente des décharges qui viennent du fond de la nuit.

Et c’est là, dans ce moment intense, au moment même où le premier éclair déchire le ciel, que je te vois enfin. Dans les plis de ta robe blanche, celle que tu portais souvent dans nos soirées de bord de mer.
De tes cheveux magnifiques, glissent des feux d’artifice, d’une blancheur extrême.
Au bout de tes doigts, s’allongent des fuseaux immenses qui écartent la nuit et éteignent les étoiles.

C’est dans ce dernier cri du ciel que je te retrouve, même si je ne peux t’oublier.

Que je te revois, enfin, pleine et entière, dans la grâce absolue de ce moment de lumière.

 

 


Lors d'un autre atelier, le thème était : "une rencontre dans le milieu LGBT ou Queer".
Voici 4 textes qui en sont issus :

1er texte

Hello toi qui lira cette missive. Je te demanderai de bien vouloir la faire suivre à ma famille pour les prévenir que je vais bien et que je suis très heureux.
Si tu lis cette lettre, je me présente, je m'appelle Rob, et mon nom de famille est Hinson. Je viens d’une petite ville des bords de Méditerranée appelée Nice...
J’étais parti en bateau avec quelques amis lorsque nous entendîmes au loin des chants envoûtants qui nous attirèrent irrésistiblement vers les berges d'une petite île.
« You are a dancing queen, young and sweet, only seventeen.... »
Devenu incontrôlable, car tout l'équipage envoûté, avait lâché la barre du bateau et nous nous échouâmes sur la plage.
La musique de plus en plus forte nous attira tel un aimant. Des lumières colorées accompagnaient au loin cette musique.
Tout à coup, une créature immense, chaussée de spectaculaires chaussures à talons démesurés, coiffée d'une perruque blonde pailletée et au visage rigoureusement maquillé apparut. Elle s'approcha de nous avec un sourire radieux et rassurant et nous entraîna sur une piste de danse posée sur le sable.
Sur cette piste de danse, un univers incroyable surgit. Des Apollon sensuels et aux corps humides et sculptés, des femmes voluptueuses et extatiques, des corps androgynes pour lesquels nous ne pouvions déterminer le genre.
Des garçons embrassaient fougueusement d'autres garçons, des filles enlaçaient d'autres filles, tout ça au rythme de ces musiques envoûtantes.
Mais toutes ces personnes avaient ce point commun : sur leur visage se lisait un sentiment de liberté, de bonheur et de bien-être absolu. Aucun jugement, aucun regard ou commentaire malveillant, juste la liberté.
Aussi, ce jour-là, pour la première fois de ma vie, je sentais que j'avais enfin trouvé ma place, cet endroit où je pouvais être complètement moi, et cette île de « Kouir » serait mon nouveau chez moi.
Alors toi qui a lu cette bouteille, dis bien à ceux que j'aime que je vais bien, que je suis heureux dans ce lieu où je peux enfin être MOI.

ROB

 

2e texte : Colocataires

Je suis dans cette chambre sombre, j’écris à la bougie. J’écris un peu trop, tous les soirs.

Je m’imagine qu’il lit ce que j’écris. Lui, c’est un ami en colocation avec moi dans cette petite ville glaciale, perdue au bord des plages du Nord de l’Angleterre.

Au départ ce fut une rencontre qui aurait pu sembler très banale, au restaurant universitaire de Strasbourg. Un beau blond aux yeux bleus-gris, barbu, totalement inaccessible. Et de façon incroyable il est venu vers moi. Nous nous sommes découvert un intérêt commun pour le jonglage et les écoles de cirque. Un garçon attachant et décalé, qui m’avait proposé, dès notre rencontre, de jongler avec lui. De m’étourdir de son cannabis avec lui. De parler des soirées entières dans sa petite chambre d’étudiant. A jongler et à fumer.

Pour lui, très vite, j’ai annulé un stage à San Francisco. J’ai annulé une colocation de rêve avec deux beaux véliplanchistes allemands et espagnols. J’ai tout annulé, pour le rejoindre en Angleterre. Parce qu’il me l’a proposé, alors je l’ai suivi. C’est comme s'il me l’avait ordonné, et que moi, dans cet amour fou où j’étais soudainement de lui, jamais je n’aurais pu, rien, refuser.

Avec lui, nous avons rencontré cette petite rousse frêle aux yeux verts, dans la rue, qui baise avec lui en ce moment dans la chambre d’à côté. Cette fille, je l’entends crier, hurler à travers les murs. Je sais qu’elle aime ce sexe énorme, toujours turgescent le matin, au petit déjeuner, qu’il promène sous ses caleçons trop larges, devant mon visage hébété, en préparant son café, lorsque nous sommes seuls, tous les deux.

Plus elle crie, plus j’appuie sur mon stylo-plume, et plus je ralentis mon écriture. Les traits de mes lettres deviennent de plus en plus larges dans les pages de ce vieux carnet jaune.

Et puis cela cesse. Il a joui.

J’ai levé ma plume.

Elle ouvre la porte, ma porte, elle a un simple tee-shirt, elle n’a pas mis de culotte, elle me dit : je vais acheter des croissants. Je vous laisse tous les deux…

Frédéric rentre dans ma chambre, il m’a surpris. Lui aussi porte un tee-shirt, lui non plus ne porte pas de caleçon ; son énorme sexe est ballant, et surtout, souvenir indélébile, luisant de sperme. Il goutte encore. Mais le plus incroyable, ce que mon esprit conscient n’arrive pas à réaliser, c’est qu’il s’approche de moi. Il s’approche de mon lit.

Il s’assoit, à côté de moi, son sexe étale. Il s’allonge, progressivement, doucement, me demande si ça va. Je n’arrive pas à répondre. J’ai presque l’impression que de la bave coule sur le côté de mes lèvres. Que mes yeux sont exorbités, aussi parce que je n’arrive pas à contrôler mon érection. Et ma seule issue pour cela, c’est de me retourner. Alors je me retourne, je suis sur le ventre, et je lui dit que ça va, non ils n’ont pas trop fait de bruit, oui c’est sympa qu’elle puisse savoir où acheter des croissants dans cette petite ville perdue. Ma bouche essaye d’articuler, mon esprit essaye de se vider, mais une torpeur extrême s’est emparée de moi. Il ne se passera rien, jamais. Jamais rien pendant six mois, pendant des années, des années d’amitié, qui n’ont jamais cessé. Tout comme cette torpeur, qui ne cessera jamais. Cette torpeur et ce désir, toujours inassouvi. Frustration et désir mêlés.

 

3e texte : Gentleman

C’est le premier juin. Il se croit en août ce mois à la con. Mes talons s’enfoncent dans le bitume surchauffé. Pas grave mais moche. Je vais encore avoir l’air négligé. Pour me redonner contenance, je cherche mon rouge à lèvres dans le fouillis de mon sac. La camelote a fondu au fond. J’ai maintenant les mains rouge carmin, et les talons pourris. Quoi d’autre ? Je cherche une vitrine pour contrôler mon apparence. La rue est vide. Les gens sont en train d’agoniser dans leurs gourbis. Mon image me renvoie celle d’une pute sans envergure et décoiffée. J’ai envie de mourir. Mes prothèses me gênent. Le poids. Je me sens sale. J’ai l’impression de sentir la chatte négligée. Je continue ma route en me déhanchant gaiement. Un type m’interpelle. Un Anglais. Il me demande où se trouve la rue des travestis. Le con. Je lui réponds de ma voix de stentor. Il sourit comme un âne. Je lui propose une totale pour 100 balles. Il accepte.

J’enclenche le ventilateur. L’appartement sent le renard. Mon lit est bien fait. Je mets de la musique, les stones. Pas fort. Douglas me tripote le cul. Ma mini-jupe glisse au sol. J’ôte mon teeshirt, mon soutien-gorge. Ses mains douces massent mes seins d’une drôle de manière. J’adore. Il sait faire le type. Sa bouche sent le café. Elle est belle. Bien dessinée. Elle se pose sur ma poitrine. Je tremble comme une feuille. Son parfum est d’ambre. Je le respire à pleins poumons. Il a la quarantaine, tout en muscles, la barbe de trois jours, une légère calvitie. J’enlève ma culotte fétiche, celle avec des fausses hanches. Je le met à poil en trois gestes. Et là, stupeur, incompréhension, Douglas est une femme, une chatte proprette entre les jambes me fait de l’œil. Je regarde le mec nana, une petite cicatrice sous la poitrine signe l’ablation. Il est en extase devant mon minou. Je comprends que c’est la première fois qu’il voit une trans. Je ne sais que faire. Il m’embrasse en réponse à mes muettes questions. Je me laisse faire. Il est partout à la fois. Je jouis. Je veux qu’il reste avec moi. Je veux l’épouser. Je le veux tout entier pour moi. Mon apollon castré me parle et je l’écoute. Je m’abandonne à ses caresses. Je meurs. Ses mots sont de miel. Son pelage est exquis. Son attention est celle d’un vrai gentleman. Douglas Kingston ne partira pas. Je le sais intimement. Tous mes clignotants sont au vert. Lou Kingston, ça sonne...

 

4e texte

Elle marchait à pas lent, se dirigeant avec grâce et légèreté chez Moun, une boite courue d’alors. Elle était svelte, grande, sculpturale. Sa peau chocolat était exaltée par un souple tailleur blanc en mousseline dont la généreuse échancrure laissait entrevoir une poitrine puissante et ferme. Ses cheveux, coupés court, soulignaient parfaitement l’ovale de son visage et la perfection de ses traits. Ses longs cils réhaussaient le mystère de ses grands yeux d’ébènes. Ses lèvres charnues était magnifiée par un rouge corail subtilement appliqué.
J’étais assise au comptoir, trinquant à la promesse d’un bel été qui s’annonçait avec deux copines récemment en couple, quand elle se présenta à mon regard. Je fus immédiatement scotché à elle et comme un setter sentant une proie, je ne bougeais plus, oubliant mes deux tourterelles et mon verre de Spritz.
Ma belle amazone alla droit devant elle sans autre intérêt que de se rendre directement à une petite table où l’attendait visiblement avec impatience une laideronne avec un corps de sumo, une matrone au nez retroussé prête à jeter de l’huile brulante sur tout intru malvenu et une jeune femme brune, menue et charmante que j’avais ciblée auparavant.
Ma noire Déesse serait-elle déjà maquée avec la jolie brunette ?
Dans ma tête, j’imagine à une vitesse folle tous les scénarios possibles qui ont mis ces femmes en relation mais aussi les stratégies envisageables pour entrer en contact avec cette beauté et les chances d’arriver à mon but : l’amener à mon lit…
Mes deux amoureuses constatant que je les avais lâchées, se manifestèrent par des Hum, hum, Hou Hou, Heyyy qui m’obligèrent à revenir vers elles.
Je bredouillais alors quelques mots stupides qui trahissaient mon émoi et tentait par convenance de revenir vers elles mais l’intérêt n’y était plus.
Ces deux pipelettes allaient commencer à m’ennuyer et la pensée de passer une partie de la soirée avec elles prenait un goût d’ennui.
La belle tigresse envahissant tous mes radars, je n’étais plus apte à reprendre le dessus ni à honorer socialement le temps de partage qu’on s’était donné avec mes deux énamourées. Je ne pouvais pas les lâcher, je devais les donc câbler et leur soufflait en quelques mots la cause de mon trouble.
Elles se retournèrent d’un seul chef puis revinrent vers moi les yeux exorbités en s’exclamant « mais c’est… ». Une vive explosion retentit à ce moment qui me réveillât. J’étais couchée sur une banquette rouge où visiblement je m’étais endormie. La bouche pâteuse, je tentais de me lever et me disais « mes rêves finissent toujours trop tôt ».

 


Lors de l'atelier d'écriture du 18 mars, le sujet était le suivant "Que vous inspire ce portrait ?"

 

Un participant a proposé le texte suivant :



Portrait de femme...
Mon Dieu, que je suis lasse de poser pour ce peintre maniaque, depuis des jours et des jours, sous son regard un rien concupiscent... Je suis sans cesse ankylosée.
Quand je pense qu'il faut endurer cette torture pour faire plaisir à Père, tout cela afin d'avoir un portrait décent à montrer à mes éventueles futurs maris!
Lorsqu'on me présente, tour à tour, les différents visages peints de ces promis, cela ne me donne guère envie de me marier! Leurs familles sont peut-être appariées aux nôtres, possèdent les quartiers de noblesse requis, la richesse souhaitée, mais quels visages disgracieux, quelles tristes mines ! Quand ils sont jeunes, il ne faut pas se plaindre, mais c'est loin d'être toujours le cas.
Moi qui ne rêve que de déambuler dans le parc de notre château, de me rendre dans la forêt proche, cheveux au vent, escortée de mes chères suivantes, et de ma cousine Emma, tant aimée ! De jouer, rire, me rafraîchir à la fontaine, de tremper mes pieds dans l'eau glacée du torrent !
Quand le peintre me dit que j'ai une physionomie manquant de gaieté, j'ai envie de lui répondre : "Si vous deviez vous marier bientôt, perdre votre liberté, renoncer à votre jeunesse, vous enterrer vivante dans des pièces sombres et froides avec un mari affreux, lointain et désagréable, auriez-vous le sourir aux lèvres ?"
Et je serre les miennes, me retenant de lui sauter dessus, de m'enfuir, ou même de le mordre sauvagement ! Hélas, mon rang, ma condition et mon sexe ne le permettent pas....
J'ai constaté, au fil des ans, que ma mère se montrait, elle, docile, obéissante, dévouée à son cher mari... et était si malheureuse !
Le même destin m'attend... quelle triste époque pour les jeunes filles !

 

 


Lors de l'atelier d'écriture du 18 février, le sujet était le suivant "Écrivez en alexandrin , un texte de 12 vers ayant pour thème le chiffre 12".

Voici les texte composés par un participant et une participante :

A 12 ans ma virginité s’est envolée
Sur les 12 coups de midi un seul coup a suffi
Au confessionnal j’ai rencontré le mâle
Mon rêve lubrique lui a donné la trique
12 ave Maria ne suffirent pas
A le suivre dans la sacristie il m’invita
Comme par miracle sa soutane s’envola
De sous- vêtements il n’en avait pas
A bien secouer ses clochettes il m’invita
Te fais pas prier tu ne le regretteras pas
Merci Maria pour cette découverte là
Alleluia le paradis est bien là

 

 

Sachez que dans cet atelier prolifique
Ce sujet fort justement académique
N’a pas fourni d’imaginaire lubrique
À mon esprit tourmenté et diarrhéique.

Des alexandrins?  Vous me voyez sceptique
Alexandre le gland, héros hellénique
À l’origine de ce mot sympathique
Me hérisse d’un dégoût mythologique
Désolée, je déteste la Grèce antique
Avec son lot de légendes chaotiques
Je préfère les nombres et statistiques
La beauté d’un bilan comptable typique
Tenez, prenez le chiffre emblématique
Douze, l’imposante beauté esthétique
De cette merveille de l’arithmétique
Me procure une jouissance biblique

 

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